Dans le nouvel espace de la verrière, refait à neuf, RX&SLAG accueille une exposition de groupe tournée vers le sacré. Neuf artistes de la galerie se trouvent réunis pour célébrer ce lien qui existe entre un individu et son groupe.
Le sacré est une réponse aux questions que se pose l’humanité depuis ses débuts, réponse à une émotion inconnue ou un phénomène inexpliqué. Il permet de passer du naturel au surnaturel, et d’expliquer la réalité et les phénomènes qui dépassent la compréhension de l’homme. Souvent rattachées à une religion, les croyances divergent cependant en fonction d’une variété de facteurs temporels, géographiques, historiques, etc.
Le sacré est également lié à la notion de lumière. Traditionnellement, dans des lieux spirituels, la mise en espace du sacré par la lumière se fait de plusieurs façons que cela soit par la lumière interne à l’image ou par celle qui se dégage de l’édifice. Mais qu’en est-il de la représentation du sacré par la lumière de nos jours ? Comment le sacré se manifeste-t-il ? Les artistes ont par le passé représenté à de nombreuses reprises le sacré, en illustrant l’Antiquité, ou pour décorer les lieux de cultes. Mais dans une société de plus en plus sécularisée, le sacré est-il toujours un sujet pour nos artistes contemporains ?
Le Sacré : lieu d’exposition et sujet
Les espaces sacrés se sont transformés en espaces d’expositions, créant un lien entre le sacré et la création contemporaine. Certains artistes de RX&SLAG ont eu l’occasion d’exposer dans ces lieux de cultes, rattachés à des croyances. L’abbaye du Mont-Saint-Michel a été investie par une exposition du photographe franco-allemand Elger Esser, tandis que Vincent Gicquel a exposé les dessins préparatoires du chemin de croix de la commande Pinault, à l’Église Saint-Eustache. L’Abbaye Royale de Fontevraud, sépulture des souverains français, a quant à elle abrité une exposition de Pascal Convert.
Mais le sacré s’infiltre également dans les oeuvres, restant un sujet toujours exploité par les artistes contemporains. Vincent Gicquel produit une version du chemin de croix du Christ, et Tirtzah Bassel illustre un épisode de la Bible. Le sacré fascine et inspire : Pascal Convert expérimente, figeant le bois dans le verre, créant alors une représentation du Christ plus fragile et plus abimée.
Au-delà de la religion
D’autres artistes reprennent des symboles religieux, pour intégrer une dimension sacrée à leur création, tout en s’éloignant des représentations classiques. Alain Kirili transforme la croix du Christ, lui apportant une touche de modernité, tandis que le peintre Jean-Baptiste Boyer intègre ce même symbole, le plaçant dans les mains d’un jeune garçon à l’air perdu. Ces oeuvres ne sont pas explicitement religieuses, mais contiennent une dimension spirituelle évidente, sans être reliées à une quelconque référence biblique.
La lumière est également un symbole sacré, exploité depuis la nuit des temps pour symboliser une dimension surnaturelle et spirituelle. Le coréen Lee Bae joue de cette lumière dans ses oeuvres au charbon : les reflets du bois brûlé miroitent devant nos yeux, et nous invite à réfléchir sur cette lumière issue du noir le plus profond. De son côté, l’artiste viennois Hermann Nitsch produit des toiles à la couleur vibrante et lumineuse, créant une atmosphère presque mystique. Le sacré est une énergie omniprésente, qui bouillonne et cherche à jaillir de la toile pour toucher son spectateur. Par son intensité, la couleur parvient à susciter une émotion, comme pour nous rappeler que le sacré peut se trouver dans l’expérience esthétique pure.
Les oeuvres de Christian Lapie ont une aura mystérieuse, presque mystique. Ces gardiens, érigés aux quatre coins du monde, se veulent protecteurs du lien fraternel qui unit toutes les civilisations. L’artiste place au centre de ses préoccupations cette fraternité, qu’il qualifie de sacrée. Ses sculptures sont les témoins d’une esthétique universelle, qui transcende la réalité.
Plus que la religion, ce qui se détache de cet ensemble de créations, c’est une idée de sacré universel, inhérent à l’existence de l’homme, et qui va pourtant trouver une multitude de résonances différentes auprès de chacun.