RX - Paris

Mrdjan Bajic

Transversales

Vernissage
Mercredi 4 Juillet, 18h-21h
En présence de l'artiste

Conférence
Jeudi 5 Juillet, 18h
Mrdjan Bajic et Richard Deacon

 

L’exposition Transversales présente des œuvres créées à partir de 2015. Elle a pour objectif de révéler la variété des supports d’expression de Mrdjan Bajic. Son processus créatif se construit à partir d’allers-retours incessants entre les dessins, sculptures et collages. La variation des mediums convoqués témoigne d’un questionnement et de la lecture critique des phénomènes politiques, économiques, technologiques et culturels qui l’entourent. 

 

                VESPA

« Facciamo finta di niente »

« Faisons comme si de rien n’était »

Dès l’entrée, la Vespa (guêpe en italien) invite à l’insouciance, à la facilité et au bonheur comme une métaphore des droits individuels auxquels s’identifient les générations de ceux dont les rêves, qu’ils soient réalisés ou non, se sont construits dans la Yougoslavie socialiste (1945-1992). Au-dessus, se dresse un globe inspiré des photographies d’une tomate mutante, cultivée et exposée aux radiations nucléaires de Fukushima. Sa surface est une analogie aux tensions géopolitiques qui, combinées aux déformations génétiques du végétal, reprennent le déplacement des plaques tectoniques. Dès lors, ce qui est connu devient inconnu. Les échelons géographiques se mutent en événements inattendus : la Chine bourgeonne, l’Amérique du Sud se liquéfie, la Russie se rapetissie, l’Afrique s’étend et l’Amérique du Nord bouillonne.

A cette sculpture monumentale sont associées des maquettes qui, si elles sont issues d’un geste rapide et spontané, n’en demeurent pas moins une étape centrale dans la construction de ses idées et ne peuvent se soustraire au processus créatif. Pour se faire, Mrdjan Bajic récupère des éléments et les assemble pour construire ce qu’il appelle un “objet sculptural”. De cette forme créée se dégage une idée, une utopie. L’artiste est à la recherche de formes à l’équilibre instable, présentées dans une spatialité donnant l’impression qu’elles vont tomber, qu’elles sont au point de rupture, à la limite du basculement, comme un espoir suspendu.

 

                SYRIA

En 2008, Mrdjan Bajic voyage en Syrie. Il ramènera de ce voyage des dessins et des objets, souvenirs d’un passage à Damas, parmi lesquels une quinzaine de pièces en bleu cobalt en forme de larme, trouvées dans une ancienne verrerie et qui servaient initialement à la fabrication de lustres.

Particulièrement touché par les événements qui frapperont quelques années plus tard le pays, entrainant l’instabilité et la fragilité politique qu’avait connu auparavant la Serbie, il imaginera des sculptures et dessins qu’il composera à partir de souvenirs.

L’artiste puise dans le langage universel et joue ainsi sur un double aspect : drôle d’un côté, tragique de l’autre. Il n’hésite pas à assembler deux images antinomiques à ses petites sculptures dont la taille n’est pas anodine. Elles renvoient aux jouets que les enfants transforment à l’envie: n’importe quelle petite voiture se retrouve un jour dans le rôle d’un projectile de guerre.

Ainsi, le circuit de 16 sculptures (salle verrière) offre une tentative de perception de la complexité (notamment médiatique) de l’époque qui entoure l’artiste.

 

MAQUETTES – KALEMEGDAN BRIDGE

Cette maquette, accompagnée d’une photographie et d’un film documentaire explique la genèse, le contexte et la réalisation de ce projet. Il présente la sculpture-passerelle pour piétons de 150 mètres de long, résultat de douze ans de coopération entre Richard Deacon et Mrdjan Bajic. Encore en phase de réalisation dans le noyau du centre historique de Belgrade, le pont symbolise les liens rompus au cours de l’histoire, tel une frontière invisible entre la forteresse et la rivière, souvenir de la ligne de rencontre entre l’Est et l’Ouest. Ce projet complexe et à long terme est un exemple rare où l’initiative de deux artistes, confiants dans la capacité et la persévérance de la vision artistique, se transforme en un projet d’infrastructure réel, qui dépasse les obstacles politiques et urbanistiques.

 

Né à Belgrade en 1957 où il obtient son diplôme à la faculté des Beaux-arts, Mrdjan Bajic participe activement à la scène culturelle yougoslave et internationale : APERTO 1990, La Biennale de Venise avec l’inauguration du Pavillon Serbe en 2007, Kunsthalle Wien, La Biennale de Sydney, Ludwig Museum de Budapest, Artists Space à New York, Biennale di Sao Paulo…