RX | Paris, le Marais

Georges Rousse

Exposition personnelle

GEORGES ROUSSE - Exposition Personnelle 

Du 5 février au 13 mars 2022


Georges Rousse dévoile ses projets réalisés ces deux dernières années, à travers une vingtaine de photographies et de douze dessins. Cette exposition se présente comme un périple à travers quelques villes d'Europe, des échappées pendant cette période sanitaire complexe : de Milan ou des Pouilles à Lisbonne, en passant par Heidelberg, Montauban, Rognes, Ivry, Vence ou Bastia. Le fil conducteur demeure la géométrie et la couleur, l'alpha et l'omega de l'œuvre de Georges Rousse.

Il s'agit de sa quatrième exposition personnelle à la galerie RX.

Georges Rousse sculpte l'espace, met en lumière des volumes, place comme en lévitation des formes géométriques simples. Et dans cette nouvelle série, il joue sur des couleurs saturées tel ce jaune monochrome dans le garage de Heidelberg ou au Bonisson Art Center de Rognes – qui renvoie aux étoffes des peintures d'un Nicolas Poussin ou d'un Simon Vouet –, ce vert dans l'usine d'huile d'olive de Manduria dans les Pouilles – qui variait en fonction de l'intensité de la lumière au fil de la journée –, ou les trois couleurs primaires complétées du vert dans cette église désacralisée à Bastia. Elles se sont imposées dans chacun de ces lieux qui l'ont inspiré et guidé en fonction de leur histoire, leur architecture, leur ambiance, leurs volumes. L'artiste révèle ainsi un état qui nait de sa rencontre avec le génie des lieux.

 

Des utopies spatiales

Les espaces que Georges Rousse métamorphose sont dans l'attente d'un devenir, généralement à l'abandon : entre friches industrielles et bâtiments à restaurer. Le plasticien les panse de ses coups de pinceaux, les « répare » et leur insuffle une aura artistique fugace. Il se fait à la fois peintre, architecte, dessinateur et photographe. Il se joue de la perception des visiteurs et y accroche en 2D une forme géométrique par la magie de l'anamorphose. Il faut être à un endroit très précis pour que l'alignement entre le spectateur et la forme soit efficient. Coexistent à la fois le volume de la pièce et l'aplat du carré ou du cercle qui apparaît comme flottant dans un espace fictif.

Le point de départ de son envie de « perturber l'organisation de l'espace » vient du Quadrangle de Malevitch – « le peintre qui a provoqué mon désir d’introduire la peinture dans le champ photographique » confie-t-il – que le père du suprématisme avait hissé dans l'angle d'une des salles de l'exposition « 0.10 » en 1915, l'endroit même où l'on accrochait les icônes en Russie. Sans revendiquer cette référence spirituelle, Georges Rousse crée des épiphanies artistiques, des instants suspendus illusionnistes, des histoires fictives des lieux qu'il rencontre. En quelque sorte, des utopies spatiales.

 

L'art de l'éphémère

La photographie de Georges Rousse relève de la trace. Elle seule demeure le témoin d'une œuvre éphémère et d'un moment arrêté tout en mettant en abyme l'œuvre dans l'œuvre. Ces installations ont pour seule vocation d'être photographiées et traduisent donc parfaitement le concept de « ça-a-été » de Roland Barthes : la chose a été là le temps de la prise de vue, sa réalité est passée, la photographie en est à la fois le témoin et l'œuvre. Alors, architecte de l'espace, Georges Rousse photographie une dimension qui n'existe pas et une situation que le protocole de travail définit comme temporaire. À la règle répond l'exception bien sûr : lors d'expositions, l'installation devient semi-temporaire, comme l'illustre la création pour le musée Ingres Bourdelle à Montauban que chacun pourra expérimenter jusqu'au 30 avril 2022. Georges Rousse s'est inspiré d'un tableau d'Ingres, la Vierge à l'hostie, qu'il réinterprète avec deux cercles inscrits dans un carré et qu'il a baptisés Épiphanie. On devine en transparence les briques, les pilastres et les voûtes de la salle du Prince noir, située dans les fondements médiévaux de l’ancien palais épiscopal.

Si la photographie livre un état achevé, les dessins donnent accès à tout le processus de création, aux étapes préparatoires qui ont permis la mise en œuvre de la phase opérationnelle. Si la forme peut encore changer lors de la réalisation in situ, la couleur, elle, est définitive. Ces dessins sont très importants dans le corpus de l'œuvre de l'artiste car ils préservent un historique des différentes étapes de recherche et de l'évolution du projet.

 

Biographie de Georges Rousse

Né en 1947 à Paris, France.

Vit et travaille à Paris, France.

De par le monde, dans des bâtiments à l’abandon, avant leur destruction ou leur réhabilitation, Georges Rousse a posé son travail et sa chambre photographique depuis plus de vingt ans. Il a installé son atelier nomade dans des lieux auxquels il a redonné une nouvelle histoire, une nouvelle âme. Comme il aime à le dire « je fais appel à de nombreuses pratiques artistiques : je suis dessinateur du projet, peintre dans le lieu, architecte par mon interprétation de l’espace et la construction que j’y organise, enfin photographe pour rassembler toutes ces actions. »

Des espaces nouveaux sont créés par des effets de perspective, d’anamorphoses et de trompe-l’œil. Par la photographie, le passage de l’espace tri-dimensionnel à l’image bi-dimensionnelle perturbe l’œil et l’embarque dans l’irréel, comme le fait une peinture. Toute la complexité des relations entre l’architecture, la photographie et la peinture sont perceptibles dans ses photographies paisibles à l’atmosphère sereine et recueillie.