Galerie RX, Paris

Pascal Convert

Les voix qui se sont tues

Pour sa première exposition à la Galerie RX, sous le commissariat de Henri van Melle, Pascal Convert présente un corpus d’œuvres allant du bas-relief, à la photographie en passant par la cristallisation d’objets. Ces œuvres sont des témoignages du passé mettant en avant des personnalités, des événements ou des lieux ayant été dépourvus de leur essence. Par ces multiples procédés de création, Pascal Convert rend inaliénables ces « voix qui se sont tues » et invite le spectateur à s’interroger sur l’importance de la mémoire et du temps. Réunissant une série d’œuvres, l’exposition prendra place sur l’ensemble de la galerie.

 

"Une voix qui s’est tue peut être proche, ou lointaine. Celle d’un frère dans la lande au soleil couchant, là où personne ne pourrait le trouver. Celle d’une journaliste traquant les crimes commis par le pouvoir en Russie, assassinée dans une cage d’escalier en guise de cadeau d’anniversaire à Vladimir Poutine. Celles d’enfants hazaras qui courent en dévalant la falaise de Bâmiyân, réveillant dans un cristal de rire les Bouddhas géants protecteurs, se moquant de la folie mortifère des Talibans.

C’est un sentiment étrange que d’entendre ces voix d’outre-tombe qui battent dans mon coeur. Elles me réveillent parfois la nuit. Je reste immobile, de peur de les effrayer. La voix rend plus réel encore ce qui était perdu. Ou imaginé.

Je ne sais plus si ces voix sont douces et sonores comme celles « des aimés que la vie exila¹ » mais malgré le globe de verre qui nous sépare et empêche ma main, un souffle de chaleur rallume une étrange intimité. Et ceux qui s’éloignaient jour après jour, année après année redeviennent proches.

Bouches des cloches muettes, des livres éternels, des grottes incendiées, des murs rouges du sang de la Passion, bouches porteuses des derniers souffles de vie, vous réanimez le foyer qui nous réunit dans l’intime et dans l’immense. Nous ne sommes plus seuls dans le silence. Les visages ne s’effondrent plus, les paupières s’ouvrent, les lèvres n’ont plus peur, l’angoisse s’éloigne, les cheveux tremblent dans le vent. Le mur rouge n’est plus aveugle."


Pascal Convert
Décembre 2022


¹Paul Verlaine, Mon rêve familier.